Archives mensuelles : mars 2013

L’été, la recherche des séparations géographiques

Mar
21

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Lac de Guery, Sancy, Auvergne – la rencontre entre la forêt, la plaine, un lac, une chaîne de montagnes et le ciel

L’été est une période stimulante qui autorise de longues journées, présente un fort ensoleillement, des éclairages intéressants à l’aube et au crépuscule. Cependant la période de mi-juillet à mi-août est la moins attrayante : peu de jeux de lumière, des brumes de chaleur qui peuvent créer du flou lorsqu’on utilise un télé, une lumière dure – seulement 2h après l’aube – produisant un éclairage plat.

Les arbres et les plantes fleurissent, mais le paysage présente souvent une profusion de verts, soit une monotonie tonale, avec peu d’impact contrasté ou visuel. Or un panoramique contient une grande quantité d’informations visuelles ; si trop de valeurs tonales et de textures se retrouvent semblables, l’image ne convainc pas.

Il faut ainsi s’atteler à chercher des contrastes dans le paysage et explorer les limites, quand par exemple une forêt rejoint une rivière. Les photographies puissantes sont le résultat de contrastes – entre la lumière et l’ombre, entre deux couleurs, entre une lumière et une autre lumière. Ces juxtapositions sont fondamentales pour le succès d’une composition.

Le photographe Galen Rowell (1940-2002) énonçait ainsi sa théorie de paysage dynamique :
« Les espaces les plus intéressants du monde de la nature sont les limites, les arêtes, les frontières entre des reliefs, les endroits où l’océan se mêle à la terre, les prairies jouxtant les forêts, les bois atteignant les sommets. Ces séparations géographiques intéressent les scientifiques de la même manière que ces lignes de lumière me fascinent » (Mountain Light).

Aussi, pour les prochaines Grandes Vacances, partez explorer les limites 😉

Panoram’Art, vues de panorama

Mar
12

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Hall, ilôt V7, Le Havre – Champ horizontal de 162°, projection « rectilinéaire » panini

La photographie panoramique est généralement définie comme étant une image plus longue que large, au delà du ratio 16/9e. Alors que l’œil peut facilement scruter un rectangle normal en un instant, il est obligé de circuler dans la périphérie pour les formats plus allongés.

Le format standard en panoramique est le 1 par 3. J’aime ses contraintes et les défis qu’il impose aux compositions. Il est déjà en soi promesse de ‘grands espaces’ attirant le spectateur au cœur de l’image, ralentissant sa vitesse de scrutation, prolongeant l’intérêt pour l’image explorée.

Il existe plusieurs types d’images panoramiques avec leur propre représentation de l’espace et du temps qui les distingue de la photographie traditionnelle. Je vous renvoie vers ce mémoire qui détaille la question : http://www.ens-louis-lumiere.fr/fileadmin/recherche/Burtey-photo-2007-mem.pdf

Pour ma part, je réalise principalement ce que l’on appelle les ‘vues de panorama’ à la perspective linéaire (dite aussi : plane, classique, orthoscopique, rectilinéaire). Je peux placer l’horizon où bon me semble, sans le courber, jouer sur les perspectives en utilisant différents objectifs. Dans mon approche, c’est en peaufinant dans le viseur les éléments de ma composition que je réalise ces ‘vues de panorama’. Le cadrage se doit d’être soigné et pensé, adapté à ce format étiré.

Par cette méthode, on peut obtenir des images qui balaient un champ horizontal de quelques degrés (super téléobjectifs) à 120° (ultra super grand-angle). Au delà, pour des champs horizontaux allant de 135 à 180°, la projection ‘panini’ permet une perspective linéaire sans trop « courber » les lignes de fuite. Le passage par un logiciel d’image permet ensuite de ‘re-linéariser’ localement ce que l’on détecte qui n’a pas été parfaitement corrigé.

La technologie numérique donne à voir de nouvelles formes de perception et de représentation, de nouvelles perspectives et de nouvelles esthétiques. Elle repousse les frontières de l’image panoramique un peu plus loin. Le livre ‘Le Havre, mutation panoramique’ (2012) a été l’occasion d’expérimenter toute sortes de défis.

Pour aller plus loin :
– de l’importance de la composition panoramique :
www.panoram-art.com/artiste-tutoriel-composition.panoramique.html
– exemples en images des possibilités techniques nouvelles (HDR, 180°, multi MaP…) :
www.mutationpanoramique.com
– logiciels proposant cette projection : Autopano, Panini Pro, Krpano, PTgui, Hugin

De la profession artistique

Mar
5

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Lumière crépusculaire sur la réserve naturelle de l’Estuaire de la Seine, photo prise 1h avant le lever de soleil

La photographie, comme toute activité artistique, peut mener à une réflexion profonde sur soi-même et une appréhension de la totalité de son être. Pour les passionnés, elle peut même devenir une philosophie de vie. Mais la tendance de notre époque nous pousse à nous préoccuper aujourd’hui davantage de mode, de galeries d’art et de marketing.

L’authenticité reste une force qui permet de rester fidèle à soi-même. On ne perd pas son âme quand on ne s’inquiète pas sans cesse des questions financières. On n’apparaît non pas comme des « plans d’affaires » mais comme des personnes de « caractère ». On peut développer une vision personnelle et y rester fidèle tout en y trouvant une source perpétuelle de satisfaction.

Reste le dilemme de notre époque, la société n’encourage pas les « valeurs » et aujourd’hui le « vice » est devenu la norme. Peut-on demander aux individus d’être vertueux en dehors d’un cadre institutionnel les y enjoignant ? L’honnêteté donne des résultats financiers incertains. Les gens connaissent le prix de tout et la valeur de rien, disait Oscar Wilde.

Les rémunérations baissent chaque année, les commandes se raréfient dans le métier du fait de la concurrence des images bradées dans les microstocks. Les acheteurs d’images s’autoproclament photographes et produisent de l’illustration médiocre juste parce qu’ils se sont offert les derniers reflex à la mode. Sans compter tous les amateurs auxquels font appel les institutionnels… qui ne cotisent nulle part, si tant est qu’ils soient payés.

Il faut espérer que la tendance s’inverse et que ceux qui ont besoin de visuels réapprennent à respecter leur public, ceci également dans leur propre intérêt. Quel est l’impact d’une image que l’on imagine sans mal pouvoir faire soi-même et qui ne renvoie donc ni enthousiasme, ni chaleur, ni exaltation. La force de mon engagement pour un regard plus poétique de nos paysages reste intacte.