Dans les pas de Gustave Flaubert, place des Carmes, Rouen
Qu’est-ce que la vision ? Ce qui passe à portée du regard. Mais aussi ce qui est saisi par la pensée. Une image, nous la voyons avec nos yeux, et nous saisissons dans notre âme ce qu’elle stimule en nous. Si elle est source d’émotion, une sensation nous étreint. La pensée la saisit alors dans une nouvelle réalité, celle du ressenti.
L’art nous permet de faire jouer la vue et la pensée en même temps. La photographie est pour moi une philosophie de vie : je m’efforce de voir la vie comme une oeuvre qui, tous les jours, m’envoie des informations que je dois changer en vérité de l’esprit.
On fait de l’art d’abord pour soi afin de devenir sensible aux beautés environnantes. On se façonne à l’image de ses propres pensées et convictions. Flaubert parle de « l’acceptation ironique de l’existence et sa refonte plastique et complète par l’art. »
Un verbe magnifique convient tout particulièrement aux panoramas : embrasser, qui signifie également « contenir quelque chose dans toute son étendue ». La technique panoramique essaie d’embrasser au maximum un paysage et tous les éléments qui en composent l’harmonie, pour pouvoir le voir de manière totale.
Cette réalité extérieure, l’artiste tente d’en souligner les lumières, les couleurs et les formes. Il donne à percevoir (ce que l’on s’attend à voir) mais aussi à contempler (l’étonnement des sens). Une image évocatrice réveille la sensualité en nous-même et permet de respirer poétiquement.
« L’artiste doit tout élever, il est comme une pompe, il a en lui un grand tuyau qui descend aux entrailles des choses, dans les couches profondes, il aspire et fait jaillir au soleil en gerbes géantes ce qui était plat sous terre et ce qu’on ne voyait pas. » (Gustave Flaubert)