Cascade de Cuisance, Jura – Fuji GX617, objectif SWD90mm f5.6, expostion 15s f/32
Un soleil brillant crée des reflets gênants ainsi qu’un fort contraste sur l’eau en mouvement. La lumière douce d’un ciel couvert est primordiale pour éviter les problèmes des ombres denses et conserver les détails des teintes délicates des hautes lumières laiteuses de l’eau. Seul un faible éclairage, diffusé par les nuages, autorise la maîtrise du contraste de la scène photographiée. Mais même sous un soleil voilé, celui-ci n’est pas toujours maitrisable et peut dicter une prise de vue lorsque le soleil est sous l’horizon.
Un temps gris facilite aussi l’adoption d’une pose longue, permettant d’obtenir l’effet de « filé », sans avoir à utiliser un filtre gris neutre. Il suffit de fermer le diaphragme suffisamment. Si la lumière est encore trop importante, le recours au filtre polariseur permet d’allonger de 4 fois la pose. Ce filtre a aussi l’avantage de réduire la brillance des feuillages humides en saturant et en différenciant leurs couleurs. Il est conseillé de l’orienter de façon à ce que son effet soit minimal afin de ne pas enlever les reflets utiles sur l’eau.
La vitesse d’obturation lente adéquate pour obtenir de jolies traînées évanescentes dépend de la vitesse du courant. Si la pose est trop courte, l’eau présente un aspect relativement commun, mais si elle est trop longue, le flot peut perdre tous ses détails et finit par ne plus être identifiable. Le secret est de trouver le meilleur rendu en effectuant des tests.
Une forte pluie ou un temps maussade me décide donc souvent à concentrer mon attention sur les forêts, les cours d’eau et les cascades… comme celle ci-dessus. Un puits de lumière chapeaute cette chute d’eau, faisant paraître obscure la forêt alentour. Conditions de lumières extrêmes. En raison de la végétation environnante, la lumière solaire directe atteint rarement la totalité de la scène. Le soir, la lumière réfléchie par le ciel reste dominante, mais le contraste est alors minimum bien que trop important encore.
J’attends donc un ciel très couvert, quasi noir, à l’aplomb de la trouée. Une fin de journée orageuse comble les espoirs de ma troisième journée d’attente. J’enfile mes chaussures de canyoning et marche dans l’eau froide jusqu’à une vasque pour installer mon trépied. Ma compagne Christine surveille le ciel, à la lisière de la forêt, pour m’indiquer la conjonction idéale : un ciel sombre au zénith et un soleil voilé derrière nous. Le vent se tait enfin, 15 secondes me sont nécessaires pour éclairer ce tableau chlorophyllien. Je me désengourdis les jambes en frottant énergiquement mes mollets avant de rejoindre la rive. Une heure d’attente s’est écoulée, plusieurs averses à protéger mon matériel, une parenthèse pour un photographe tout entier à surveiller les moindres détails nécessaires à la réussite de l’image qu’il a en tête !