Archives mensuelles : octobre 2015

La vie en fourgon

Oct
23

Dans les Highlands d'EcosseDans les Highlands d’Ecosse

De plus en plus de personnes vivent dans leur voiture ou leur fourgonnette par manque de revenus, triste situation. D’autres optent pour ce mode de vie à l’année, s’y préparent et le vivent de manière bien plus positive. Certains l’adoptent pour leurs vacances ou week-end. Entre les deux, les « gitans photographes » qui peuvent y passer des mois par an.

Osmose avec le paysage
Pour un chasseur d’images, un fourgon aménagé permet d’être sur place ou non loin de sites prometteurs. De sa fenêtre, la mer, un lac de montagne ou une ondulation de colline. Une tasse de café dans la main à scruter les changements de météo et réfléchir au plan d’attaque. Le sujet peut-être à 30m de là ou accessible après une marche d’approche. Le sac à dos dans le coffre (avec une toile de tente) prêt en cas de distance plus conséquente. On reste au contact du paysage, immergé dans les éléments à prendre en compte. Moins de distraction, plus de motivation que lorsqu’on séjourne dans un hôtel ou un chalet.

Minimalisme
Sillonner le pays apprend à tirer le meilleur parti du beau temps et à profiter de ces périodes de pluie assis dans la camionnette à lire ou écouter de la musique. Merveilleuse école pour apprendre à vivre simplement dans un espace confiné. On se rend ainsi compte de toutes ces choses dont nous n’avons vraiment pas besoin. Retour à l’essentiel, changement rafraîchissant par rapport à la vie compliquée que l’on a souvent dans son appartement en ville.

Liberté
On se lève et se couche en fonction du soleil plutôt que de l’horloge. On est libre d’aller où l’on veut et de choisir l’ambiance et la vue de sa chambre. On mange quand on a faim, pas de réservation, de contre-temps. On reste le temps nécessaire à chaque endroit. On se déplace suivant la météo et son humeur sans se sentir coincé à aucun moment, sans gérer les questions de réservation d’hôtel ou d’hébergement B&B. On économise de l’argent et l’on gagne en indépendance financière, ce qui permet ainsi de consacrer le temps nécessaire à chaque prise de vue.

Il n’y pas de problème, que des solutions
Être dans un si petit espace par temps humide peut être éprouvant, surtout si ça dure plusieurs jours d’affilée, ce qui permet de puiser plus profondément dans sa zénitude. Le rangement, la vaisselle, rien n’est jamais remis à plus tard, sous peine que tout valdingue pendant la conduite, la base de toute démarche de progrès permanent pour les japonais. On devient un adepte des checklists afin de gérer tout ce qu’il ne faut pas oublier avant de partir. Puis on surveille les stocks de nourriture. Cela oblige à devenir rigoureux et à réfléchir à tout, à penser à penser. Que du bon je vous dis 😉

fourgon_Pech-de-PinsacPersonne à 400m aux environs. Déjà sur place pour un réveil programmé à 6h00.

« Les paysages nous attirent dans la mesure où ils sont le miroir de notre perception intérieure. » (Hélie de Saint Marc)

Bivouac en immersion

Oct
9

Bivouac en immersionBivouac près de la Croix du Lautaret, Vercors. Lever de soleil derrière le Dévoluy.

Cosmophobie
Les médias nous abreuvent d’histoires inquiétantes. A devenir de plus en plus peureux vis à vis du monde naturel et à s’en éloigner toujours plus. Sauf que c’est statistiquement moins dangereux de marcher seul dans des zones sauvages que de conduire sa voiture. Alors pour se guérir de ce genre de peur, il faut s’entraîner à sortir et à profiter de la nature le plus souvent possible. Pour permettre de développer et nourrir ses propres inspirations, soit faire ce qui nous attire et nous exalte.

Bivouac à la Terrason
Alors pour les téméraires, voici l’expérience proposée dans son livre « La peur de la nature » où il analyse ce qui, dans notre culture, pousse au rejet d’une nature non aménagée par l’homme, ressentie comme source de dangers. Ce test est à faire lors d’un bivouac en montagne, sans source de lumière, sans musique, sans doudou, sans personne à qui parler… Just you. Se protéger ou s’immerger, telle est la question de ce ‘Connais-toi toi-même’.
« Seul dans le noir, la nature m’entoure de ses bruits sur fond de silence et : 1. je me sens bien, je médite, je dors ou 2. au secours, je suis recroquevillé de peur et je m’épuise. »

Camping sauvage et photographie de paysage
Le camping sauvage offre de nombreux avantages pour le photographe de paysage :
– on est sur place au lever/coucher de soleil et on peut donc plus dormir la nuit ;
– une marche d’approche ou de retour en été nous prive d’heures de sommeil sans bruit et sans chaleur ;
– on accède à des vues rares dans une ambiance unique : la plupart des photos sont prises près de la route, ou lors sur de courtes promenades ;
– on se fait plaisir et on peut partager un bon moment avec un ami qui nous accompagne ;
– on retrouve la forme à porter son matos photo en plus de son matériel de bivouac, on finit par trouver l’équilibre entre la fatigue musculaire et la création intellectuelle et artistique, excellent moyen de bannir la paresse photographique ;
– on apprend à simplifier, à se concentrer sur ce qui est vraiment important, les images : hop le troisième objectif, hum les nouilles asiatiques… la nourriture qu’on a dû porter a toujours meilleur goût ;
– on économise de l’argent, l’hébergement sous tarp ou toile de tente ayant un prix défiant toute concurrence… et quasiment garanti sans problème de bruit de voisinage ;

Une école de survie
Et on continue sur la lancée :
– on prend conscience de l’importance de l’eau, de sa densité… on apprend à boire au ruisseau, à la filtrer au besoin ;
– on découvre la polyvalence du système multi-couches, la joie de s’habiller et de déshabiller sans cesse pour réguler sa température ;
– on se forme aux premiers secours, nécessaire à la ville comme à la montagne ;
– on s’initie à trouver le meilleur lieu de campement (sol sec, plat, à l’abri du vent et du froid) qui peut être choisi avec les critères inverses en été ;
– on apprend à s’orienter, à lire les paysages, à prévoir la météo, voire même comprendre la nature ou, plus fou, commencer à l’aimer.

Deux approches
Le lièvre : rapide et léger, loin et haut
et la tortue : porter plus lourd et aller moins loin, moins haut, moins vite
à adapter suivant les circonstances, votre état de forme, votre humeur du moment.

Et les soirées au bivouac… on chante :
Marchons de bon matin
Marchons sur les chemins
Sur les plaines avec ferveur
Laissons chanter nos cœurs
(extrait de Yop Ho de Chanson Plus Bifluorée, texte complet)