Une image « fusionnée » construite en 3 temps. Utilisation du polariseur pour faire ressortir les couleurs. Puis, sans polariseur, avec une vitesse élevée pour capter les rides sur l’eau. Enfin, une vitesse rapide lors du passage des cygnes.
Comment faire coexister vision du photographe et traitement de l’image ?
Un photographe essaie de retranscrire les émotions qu’il a ressenties sur le terrain. Tentative audacieuse ! Car il est souvent entamé physiquement (marche d’approche, poids du sac, attente dans le froid et le vent…), dans un moment émotionnel intense (mélange de joie, de désirs, de peur…), puisant dans son mental (pour visualiser, imaginer, agencer…).
Aujourd’hui, vu le niveau d’excellence à viser pour se démarquer, il est quasi illusoire de penser réaliser une image parfaite sur place. On récolte donc longuement de la matière, bravant les innombrables limitations techniques de ses outils photographiques. 200 à 300 images pour 4, 5… 10 après le tri qui serviront, au final, comme matière pour restituer l’essence DU paysage que l’on souhaite magnifier.
La longue tradition de photographes de paysages « honnêtes » interdit la manipulation. On donne à voir des images numériques, pas des images de synthèse. Les paysages captés doivent exister vraiment. Les rigoristes se cantonnent à jouer sur la luminosité, la couleur et le contraste et nomment « retouche en profondeur » toute autre intervention. Soyons lucide, à l’ère de Photoshop, la limite entre post-traitement et retouche évolue sans cesse, surtout chez les plus jeunes.
Faisons un parallèle avec la photo de charme. Faire disparaître un éclat de lumière, recadrer, atténuer légèrement les rides près des yeux, éclaircir le visage… Rendre simple et clair un portrait, j’appellerai cela du post-traitement.
Affiner la silhouette, gommer totalement les rides et le grain de la peau, agrandir les yeux… On va dire « idéaliser », j’appellerai cela de la retouche en profondeur ou de la manipulation.
A l’aide d’outils informatiques, le post-traitement permet de faire tendre l’image vers les émotions qui nous ont guidés sur place, et qui nous ont amenés à photographier. Il fait partie intégrante de la création artistique en permettant d’exprimer sa vision personnelle, son interprétation intellectuelle et sensible du « réel ».
Livre : L’Intention du photographe: Comment donner un sens à vos images en postproduction, de David duChemin, (Pearson, 2011)
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Mes précédents billets sur le sujet :
Photo et réalité, l’objectivité d’un paysage
Création et vérité à l’ère du numérique 1/2 et 2/2