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La composition panoramique

Mar
5

13474 Collioure côte Vermeille Pyrénées-Orientales JuinCollioure, 7h du matin, mois de juin, le site rien que pour moi dans une sérénité totale !

Ah le plaisir de voir autrement, de « découper » dans le monde une autre portion du réel. Ce format panoramique, je lui suis tout dévoué, il est obsédant. Il m’aide à suspendre ces moments éphémères où la sensation de l’immensité de l’espace entre en harmonie avec l’élévation de l’âme. Il capture l’étendue du champ visuel humain en replaçant le sujet principal dans son environnement. Il délivre des photos avec un fort impact visuel, retranscrit en partie l’émotion vécue sur le terrain. Il dépeint ma façon de voir le monde et donne de l’intensité à ma passion.

Le sentiment d’espace et de vision périphérique est inhérent à l’allongement du cadre. Plus notre oeil voit une image étirée, plus il a l’impression qu’il est face à un large panorama : à angle de champ égal, une photo aux proportions allongées nous paraît plus « apaisante » et « vaste » qu’une photo 24×36. L’observateur ressent la tranquillité et la solitude vécues par le photographe pendant sa capture. Le « transport » dans la profondeur de l’image devient plus important que le sujet et il faut se mettre à regarder comme le « fait » l’appareil. Avec un objectif standard ou un téléobjectif on embrasse un champ moins large, mais on évoque toujours la grandeur du paysage en compressant la perspective de la scène. Ce format a tendance à tasser les plans vers l’horizon et donc privilégier le rythme de cette ligne. Il permet d’éliminer les parties inutiles de la scène — un ciel vide, un premier plan sans intérêt. Il nécessite souvent un point de vue surélevé et il n’est pas rare de se jucher sur un rocher.
Nouvelle vision, nouvelle inspiration !

De par sa forme allongée, le panoramique est sans doute le plus spectaculaire et le plus délicat des cadrages. La recherche d’un site qui se prête au format allongé est bien plus longue qu’en format standard. Il requiert une grande application afin de comprendre parfaitement ses subtilités et ses exigences de composition. Il a longtemps été réservé aux photos d’exception pour des sujets très bien composés et éclairés. Trois axes guident la recherche d’un cadrage panoramique dynamique :

– la volonté de remplir le cadre pour étaler l’action, donner de l’importance à toutes les parties de l’image y compris les coins. Les panoramiques ont la qualité d’attirer le spectateur au coeur de l’image et d’obliger son regard à circuler dans la périphérie. Le ratio 3:1 ne permet pas à l’oeil d’englober la totalité de la scène en une fois, ce qui correspond à la manière dont on observe une scène de la vie courante. De plus, en ralentissant la vitesse de scrutation, on prolonge l’intérêt pour l’image explorée.

– la volonté de dégager une perspective, de créer un « appel d’air » pour mettre l’accent sur un paysage lointain. Le format allongé est plus descriptif. Une photo raconte une histoire. Elle doit avoir un début qui attire l’œil dans la partie gauche, un milieu qui retient l’attention et une fin qui apporte une conclusion et permet de boucler. Un « solide » premier plan confère un fort sentiment de profondeur et d’échelle en raison des effets de perspective. Il n’est pas systématiquement nécessaire car on l’a vu le format panoramique contribue à cet effet. La composition harmonieuse et « lisible » guide ensuite le regard dans la profondeur de l’image sans lui permettre de sortir du cadre et en le ramenant à l’endroit initial. Chaque élément doit être bien présenté isolément tout en fonctionnant avec les autres.

– la volonté de capter une lumière idéale. Parce qu’un « grand-angle » comprend beaucoup d’informations visuelles et qu’il est difficile d’éliminer un élément indésirable, la qualité de la lumière, l’harmonie et les nuances des couleurs comptent bien davantage que le cadrage. Les images dramatiques n’apparaissent pas par chance et ont plus à voir avec une opération militaire en terme de logistique. Malgré cela il faut accepter l’idée de ne pas faire la moindre photo pendant plusieurs jours et d’en shooter 2 ou 3 lors d’une journée miraculeuse…

A noter que les images verticales ont un effet visuel complètement différent de celles qui sont composés dans le format paysage. Le sujet se retrouve coincé entre deux marges vraiment très étroites ! Remplies d’énergie et de tension, elles accentuent un avant plan et recourent à des fuyantes bien maîtrisées afin de dynamiser la fuite des plans vers le lointain.

Note : Ce post est la mise à jour 2015 de cet ancien tutoriel (pdf) paru initialement en 2001 sur le site galerie-photo.

Cadrer la lune dans le paysage

Jan
29

13581-france-Alpes-de-Haute-Provence-Lavandes-plateau-de-Valensole-panorama-sentucq
Plateau de Valensole, champ horizontal d’un 35mm, lune prise au 70mm

Cadrer la lune dans sa composition permet d’évoquer la romance, l’émerveillement, la fantaisie, le mystère, ou un sentiment « d’autre monde ».

Deux difficultés doivent être surmontés. La proportion, la lune apparaissant sur votre photo beaucoup plus petite qu’elle ne semble à l’œil nu ; la surexposition, la lune étant bien plus lumineuse que le reste du paysage. 

La lune est considérablement plus éloigné que l’arrière plan de la scène cadrée. L’effet de perspective d’un grand-angle tend à faire paraître divers plans d’une même image plus éloignés les uns des autres qu’en réalité. Sans que cela vous choque sur le moment car votre cerveau  « manipule » ce que apparaît dans votre viseur afin d’ajuster les anomalies provoquées par l’optique. Le retour à l’aspect «réel» dans votre photographie exige de reprendre une photo de la lune avec un objectif à focale moyenne et la réintégrer sur votre cadrage large.

C’est en réalisant cette deuxième image que l’on résout également la seconde difficulté, faisant d’une pierre deux coups. L’oeil est capable de détecter un bien plus large éventail de luminosité qu’un film ou un capteur numérique. Sur votre image au grand-angle (exposition de quelques secondes à quelques minutes), le paysage est bien exposé mais la lune parait « cramée » et sans détail. Sur votre deuxième image avec un objectif standard, il s’agit donc d’exposer correctement la lune (1/10 à 1/250 seconde).

Le sandwich des deux images restitue enfin la magie observée.