Depuis l’époque des peintures rupestres, un artiste tente de restituer ce qu’il voit, ressent, vit… pour partager son souvenir d’un moment fort dans un endroit spectaculaire. C’est une interrogation de notre relation au monde sensible, de la valeur et de la beauté de ce que voit notre âme humaine.
Les développeurs de l’IA proposent aujourd’hui à l’humanité de se faire remplacer par les machines. Ils encouragent un jeu de surenchère permanent d’images spectaculaires à tout prix, sans expérience humaine vécue, sans prise avec la réalité accessible à nos sens. Compétition oblige !
Notre cerveau maintient ensemble le mesurable et l’immesurable dans sa perception, l’IA en est incapable et ignore une énorme dimension de la réalité qui ne peut pas être mesurée. L’interprétation personnelle qu’un photographe donne d’un paysage est le miroir de l’émotion qu’il lui porte. Le « prompt art » au contraire exclut, encourage l’excès et la démesure en donnant un aspect lisse et artificiel.
Celui qui achète une représentation d’un lieu qu’il aime achète aussi un peu de l’expérience humaine de celui qui est parti en quête de le sublimer. Il met ainsi ses pas dans celui de l’artiste et s’approprie un peu son rêve. Il acquiert une œuvre unique, authentique, artisanale et humaine.
Parier sur les simulations fantaisistes de l’IA pour croire qu’on crée de l’art est illusoire. C’est impressionnant, surprenant certes mais cela ne correspond pas à la définition de l’art. Le désir de création est purement humain et utilise nombre de mécanismes non mesurables donc non pris en compte par l’IA. C’est une voie de perdition pour l’espèce humaine de l’oublier.
Et pour le marché de l’art, les progrès dans le domaine étant constants et sans cesse plus rapides, les « œuvres IA » ne peuvent garder une valeur que momentanée dans un marché qui sera très vite saturé, donc sans valeur. Cela devrait j’espère pousser des acheteurs et collectionneurs à continuer à distinguer et respecter les créations humaines basées sur nos sens, notre histoire, nos recherches transcendantales.