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Retour au cadrage panoramique immersif

Le Fuji GFX100S et son ratio d’aspect panoramique

J’ai trouvé magique le format panoramique dès ma découverte du format cinémascope 2,4:1 à la télé et au cinéma ! Le format standard 3:2 n’a jamais été assez large pour ma façon de voir le monde. Dès mes premières photos, j’en recadrais aux ciseaux ou j’en accolais deux. Mais rien ne vaut de pouvoir voir et composer le panorama dans le viseur de l’appareil photo.

Alors, en janvier 1998, quand j’ai décidé de faire de la photo mon activité principale, je me suis tourné vers un appareil photo panoramique argentique Fuji GX617 grand format. Je souhaitais travailler en haute résolution pour avoir la meilleure qualité possible de reproduction en impression grand format (détails, nuances). Les viseurs déportés des objectifs permettaient un cadrage précis. Je pouvais saisir une lumière fugace d’un clic.

Au milieu des années 2000, la technologie numérique a transformé le monde de la photographie. Je commençais à trouver mon appareil lourd et encombrant. La gestion des pellicules (développement, scan, dépoussiérage numérique) finissait par me peser. Surtout, je restais limité par les capacités des films, certaines lumières étaient non reproductibles, et l’écart avec le numérique se creusait d’année en année.

J’ai envisagé l’achat d’un Moyen-Format numérique pour garder une image en haute résolution tout en recadrant la partie centrale de l’image. Cependant, leur coût avait peu de rapport avec les retours potentiels sur les ventes et de très gros progrès technologiques avaient lieu tous les 2 ans.

Je me suis donc tourné en 2009 vers un boîtier 24×36 avec un capteur plein-format et la technique de l’assemblage : plusieurs photos « cousues » ensemble dans un logiciel pour créer une image panoramique de très haute qualité : 4.000 x 12.000 px comme les scans de mes diapositives 617.

Désormais, la seule limite était mon imagination et j’ai produit des images de plus en plus compliquées sans le laisser paraître, la technique devant servir la création. Pendant plus de 10 ans, j’ai pris plaisir à me lancer des défis d’images à fusionner pour photographier ce qu’aucun objectif ne pouvait restituer. Actuellement 1/3 de mes panoramas combinent toutes les difficultés : fusions d’expositions, de moments mais aussi champ extra large de 100 à 180° sans déformations et étirements excessifs…

Château de Sully-sur-Loire (Loiret) – Assemblage de 4 images au 16 mm, 170° (projection panini)

Ce processus fonctionne très bien pour les scènes statiques où rien ne bouge, y compris la lumière. Le problème est que la lumière change souvent plus rapidement qu’on l’imagine. Prendre 2 ou 3 images pour couvrir la scène nécessite de 10 secondes à une minute. Pendant ce temps, la lumière peut avoir changé, les ombres, nuages, vagues… ​​s’être déplacés… et toute ambiance fugace se retrouve difficile (voire parfois impossible) à restituer, les différentes images constituant le panoramique n’étant pas « raccord » pour l’assemblage. Le post-traitement devient alors chronophage et épuisant.

Cette « technicité » absorbe toute mon attention, crée un filtre entre moi et mon environnement, m’enlève une grande partie du plaisir de la photographie. Aujourd’hui, je souhaite à nouveau retrouver le plaisir de capter la grande majorité de mes panoramas en une seule photo. Et vivre des moments de « flows », d’intenses concentrations à cadrer au millimètre tout en guettant des instants décisifs. Pour 90% de mes images futures, recadrer la bande centrale 1×3 d’une photo. Et ne garder la technique de l’assemblage que pour les paysages qui se retrouveraient sinon trop étriqués.

Une seule image c’est un gain de temps en post-production, mais c’est aussi un nouveau panel de possibilités créatives. Le panorama en une seule image permet de saisir des scènes lorsqu’il y a un mouvement du sujet pendant l’exposition. Je pourrai aussi enfin réaliser des longues expositions, utiliser bien plus facilement le focus Bracketing pour étendre la profondeur de champ, créer à nouveau des images panoramiques verticales (trop complexe en assemblage)…

Depuis 25 ans, la seule chose qui est restée constante a été mon désir d’avoir la meilleure qualité possible de reproduction en impression – pas seulement en livres mais aussi en tirages grand format et pour cela j’ai aujourd’hui besoin d’un appareil photo avec un capteur haute résolution. De taille compacte et d’un poids modéré pour qu’il ne soit pas un facteur limitant, en particulier en photographie de montagne ou à l’étranger.

Mon boîtier idéal est le moyen-format Fuji GFX100s qui possède un capteur grand format de 102 mégapixels, donc même un recadrage panoramique vous laisse toujours avec une image proche des 12.000 x4.000 pixels. Il propose un mode de simulation de recadrage panoramique (2,7 :1) intégré dans le viseur pour voir le monde dans ce format (le reste de l’image étant noir). J’ai donc opté pour cet appareil qui semble avoir été crée pour moi, une telle résolution non recadrée n’étant d’aucune utilité pour la quasi totalité des photographes. Certes il reste encombrant et lourd mais quand on a connu le Fuji GX617 on relativise…

Pendant 25 ans, j’ai couru après des angles insolites et des lumières intenses, essayant de capturer des moments inaccessibles au plus grand nombre. La photographie fut un voyage de découverte de soi qui m’a aidé à interroger notre relation avec le monde naturel.

En 2022, j’ai eu recours occasionnellement à la technique du crop d’une seule photo. Pour me réhabituer. Début 2023 j’ai fêté les 25 ans de mon premier panorama. Une boucle est bouclée. Désormais je souhaite renouer avec les émotions primordiales de l’instant présent et capturer sa partie invisible que je ne vois plus, trop accaparé ailleurs par la technique. Me plonger dans la méditation et la psychologie photographique.

Port Bara, Côte Sauvage de Quiberon (Morbihan) – Fuji GFX100S 28 mm F/8 1/1000 s

 

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